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                            L’EGLISE D’AUCARA: UNE CULTURE VIVANTE

                                           Reconstruction de l’identité religieuse de la culture d’Aucará ( Vallée du Sondondo)

Les plus anciennes épopées religieuses de l’histoire de l’Occident furent menées par des chefs qui avaient des convictions à toute épreuve, prêts à remuer ciel, terre et mer soutenus par une population partageant les mêmes valeurs et dont l'énergie ne risquait pas d'être ébranlée par les obstacles à surmonter.

Aujourd'hui les habitants d'Aucarà n'ont pas seulement pour but de remettre à l'honneur leur village mais bien de sauver leur identité culturelle. Quelque chose de plus puissant les anime : remettre en état un trésor architectural, sa fierté artistique, son âme locale, son Saint Patron.

 

Après plusieurs siècles, loin de l'Occident, une nouvelle bataille commence. Celle d'un peuple organisé qui la mène avec pour seule armure le pouvoir des mots prononcés par Victor Raùl et pour seuls  alliés les différents croyances, le lien familial et surtout le lien institutionnel , l'Université catholique du Pérou.

Un chiffre trotte dans la tête de celui qui dirige le projet, un chiffre transmis par le grand-père au père et que celui transmets à sa fille, Silvia. "Il y en a 33" dit la fille mais il ne s'agit plus de tableaux sinon de personnes qui souhaitent ardemment voir leur projet se concrétiser. Chacune d'elle accomplie une tâche dans la communauté : intendant, porte-étendard, porteur, régisseur, gardien, tous concernés par le projet de reconstruction de l’Eglise d’Aucara ou bien par la fête de la crucifixion du Christ appelé « Seigneur d’Untuna » qui d’ailleurs, repose dans cette église.

Les enfants d'Aucarà réfléchissent à la façon de reconstruire l'église. On les entend se quereller dans un local communal au coeur de Lima, Pérou. L’enthousiasme gagne le cœur de ceux qui sont là. Un  architecte affirme qu'il sera nécessaire d'investir dans un rapport technique, que le patrimoine culturel du village est en ruine, que l’église a besoin d’être restaurée.

Les années passent et cela fait plus de trois quarts de siècle que le grand-père a dit à son fils « Il y a 33 peintures à l’église d’Aucarà, ne l’oublies jamais ». Mais à ce moment-là, il faisait référence aux peintures. Les temps ont changé mais les lieux aussi, le ciel bleu du village qui conserve gravé dans ces flans les traces du passage de la civilisation Inca, préhispanique, coloniale et pourquoi pas républicaine. Ce nombre a été conservé au creux de son oreille, à chaque battement de coeur, à chaque fête, à chaque souvenir ainsi qu'à chaque visite de l'église d'Aucarà à un jour et demi de voyage de Lima. Mais ce chiffre de l'enfance n'est plus le même car aujourd'hui il reste que 14 peintures. En plus, l'église commence à s'effondrer et chaque pierre est un pan de l'histoire qui s'écroule.

Il y en a 33 a dit à nouveau Victor Raùl, mais ces mots il les avait dits sur une vidéo, dans une conférence, au coeur de Paris à la Maison de l'Amérique Latine devant un public constitué aux premiers rangs de diplomates de différents pays essentiellement latino-américains. Cette fois-ci le nombre faisait encore référence aux peintures de son enfance mais il ne s'agit plus uniquement des peintures mais de tout un patrimoine culturel qui est aujourd'hui reconnu par l’état péruvien et par la pratique de la culture vivante de ceux qui fréquentent avec un ferveur religieuse profonde l’église d'Aucarà.

Dans la vidéo on voit au-dessus de l'horizon bleu, en encadrant l'église, un dôme dont les contours semblent dessinés au crayon marron. Ce n'est pas qu'une gigantesque montagne mais le gardien du village: quelques-uns l’appellent "Wamani" et d’autres "Apu", confirment les villageois.

Lors de la conférence, tous les participants émus par le sujet, y allaient de leurs commentaires. Un Ambassadeur a rendu un vibrant hommage à son ancien professeur de littérature, Gonzalo, le frère du père. Puis, Javier le fils du Victor Raùl, rappelle aux présents l’existence d’un vif syncrétisme religieux dans la localité comme en témoignent les danses dédiées à la terre, les quelles continuent à être pratiquées.

                   

Ce projet fou a commencé lorsque Victor Raùl a pris sa retraite après presque 30 ans d’enseignement au lycée franco-péruvien. Il s’agît d’une renaissance, une nouvelle jeunesse. Les embûches n'ont pas manqués: chaque démarche plus difficile que la précédente, tout le monde ne sont pas disposés à ouvrir son coeur, tous critiquent le projet...puis un jour quelqu'un affirme qu'il faut que l'église d'Aucarà entre au Patrimoine Culturel de la Nation Péruvienne.Cela aboutit à une démarche positive, mais l'Etat n'a pas les fonds pour financer les travaux de restauration.

A présent Victor Raùl n'est pas seul pour mener à bien ce qui lui tient tant à coeur. Depuis  Paris, sa fille Silvia avec toute son énergie décide de faire connaître ce joyau culturel et artistique. C'est ainsi que l'événement à la Maison de l'Amérique Latine à vu le jour. Silvia et son frère Javier sont aujourd'hui épaulés par la troisième génération. Une adolescente parisienne, la petite fille Elisa, qui vend des gâteaux dans son collège est convaincue: il faut trouver de fonds pour financer la reconstruction de l'église d'Aucarà.

Victor Raùl, initiateur de ce beau projet n'a plus la même énergie car des années sont passées mais le relais est assuré par sa famille, certaines instances et des experts persuadés du bien fondé de cette entreprise. et un nouveau défis nous attend. Il ne s'agit pas seulement de la reconstruction architecturale, la réfection des scupltures et de toiles mais bel et bien du réveil d'un peuple qui a décidé de prendre son destin en mains dans le respect de la culture de ses aïeux.

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